On passe au vert

Jardins et terrasses : nouvelles valeurs.
Crise… écologique, immobilière, financière, économique, sanitaire, des valeurs; le mot sature les médias,
La sortie de crise semble s’annoncer. Certains continuent de scruter l’actualité en quête des signes précurseurs, beaucoup n’y prêtent plus guère attention, comprenant confusément qu’elles ne sont que les spasmes d’un monde en mutation.
En voici un à prendre toutefois en considération lorsque l’on est ou que l’on va devenir propriétaire d’un bien immobilier avec jardin, terrasse ou balcon.
IPSOS vient de publier les résultats d’une enquête menée pour l’UNEP (Union National des Entreprises du Paysage) qui expose en effet quelques raisons sérieuses de « décriser ».

Le jardin lieu de vie et d’apprentissage écologique
Après l’enquête 2008 dédiée à la place des espaces verts dans la vie des Français, qui montrait que 72 % d’entre eux choisissent leur lieu d’habitation en fonction de la présence de parcs à proximité, celle de 2009 montre qu’on retrouve cet appétit pour le végétal au sein de la sphère domestique. 3 Français sur 4 déclarent disposer d’un espace de jardinage privatif, qu’il s’agisse d’un jardin ou d’une terrasse.
Dans un contexte économique où l’incertitude les amène à reporter une bonne partie de leurs projets, pour près de 7 Français sur 10 les prochaines vacances vont rimer cette année avec vert ou végétal : 3 Français sur 10 préparent un séjour au vert et 4 sur 10 déclarent qu’ils passeront leur été au jardin. Pourquoi se serrer la ceinture pour aller chercher le bonheur à l’autre bout du monde, quand on peut investir dans son jardin et profiter ainsi d’un coin de paradis à domicile ?
Par ailleurs, sur le plan écologique, il apparaît que les Français sont extrêmement bien sensibilisés aux solutions respectueuses de l’environnement, même s’ils ne les ont pas encore toutes mises en pratique. Ainsi, parmi les gestes écologiques cités (récupération des eaux de pluie, traitements naturels, compostage, arrosage automatique, plantes économes en eau…), aucun n’a suscité de réaction d’incompréhension ou d’interrogation particulière. L’efficacité de ces mesures pour préserver les ressources ou limiter la pollution est désormais communément admise. Mieux : au quotidien, chaque Français applique en moyenne plus de 3 «gestes verts» dans son jardin.

Le jardin supplante la cuisine dans le cœur des Français
Fait marquant en ce début de XXIe siècle : le jardin devient la 2ème pièce de la maison devant la cuisine. Il est cité par 1 Français sur 5 comme la pièce la plus importante et par 1 Français sur 2 comme l’une des deux pièces conférant le plus de valeur à l’habitat, juste derrière le séjour . Le phénomène est plus net chez les actifs de 25 à 65 ans, auprès desquels le jardin recueille 55 % de suffrages. Longtemps adulée parce qu’on y prépare le repas et se régale de ce dernier, la cuisine se voit ainsi détrônée au profit d’un lieu plus ouvert et plus « vert ». Et si le séjour reste la pièce de vie la plus importante de la maisonnée (1 français sur 2), en été le cœur de cette dernière se déplace progressivement de l’intérieur vers les jardins et terrasses extérieurs. Ces derniers conjuguent en effet les avantages du salon et de la cuisine. Spectacle pour les yeux et bouffée de verdure dès l’aurore, ils se font tour à tour lieu de recueillement, d’apaisement, de jeu ou d’évasion dans le courant de la journée… avant d’accueillir les repas familiaux ou entre amis le soir venu.

Les espaces extérieurs paysagers valorisent les biens immobiliers et accélèrent leur vente.
Forts de leur nouveau statut, les jardins et terrasses confèrent aux logements qui en sont dotés une plus-value indéniable et sont de plus en plus prisés par les acquéreurs. Parmi ceux (jeunes et urbains pour la plupart) qui ne disposent ni d’un jardin ni d’une terrasse, près de 3 sur 5 seraient prêts à payer plus pour pouvoir s’offrir un espace vert privatif, à logement équivalent.
Investissements durables, jardins et terrasses s’embellissent au fil du temps s’ils sont entretenus dans les règles de l’art par un jardinier-paysagiste. Au-delà de leur valeur esthétique, sociale,sentimentale ou environnementale, ils peuvent ainsi revêtir une valeur patrimoniale non négligeable. Plusieurs études nord-américaines mettent ce phénomène en évidence : les maisons possédant un jardin aménagé et de qualité sont vendues plus cher, et la valeur d’un bien immobilier augmente proportionnellement à l’étendue de sa surface végétalisée. Une terrasse ou un patio paysager apporte également une plus-value. Outre une valorisation du foncier, la présence d’un aménagement paysager accélère la transaction d’un bien immobilier : les maisons avec jardins mettent 6 semaines de moins à se vendre. Un argument de poids quand on sait que la FNAIM prévoit une baisse de l’immobilier national de l’ordre de 10 % en 2009 !

Ces informations, au delà du sens positif de notre action et du bien-fondé de la démarche de nos clients qu’elles soulignent, confirment le besoin de nos concitoyens de renouer concrètement avec la nature et leur prise de conscience que cette relation doit désormais être impérativement durable. Avec Gilles Clément au travers de son livre Thomas et le voyageur (1996) et surtout de son exposition manifeste (Grande Halle de la Villette, 1999-2000), nous nous prenons à croire à nouveau au Jardin Planétaire dont l’humanité serait le jardinier avisé.

Thierry HALGAND
PAYSAGIS – BALCOON, ateliers de design paysager.

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