Ca y est !

Ça y est ! Vous voilà l’heureux propriétaire de l’appartement ou de la maison de vos rêves : avec terrasse ou jardin ! Et si ce n’est pas le cas, cela ne serait tarder.

Cet espace extérieur, c’est l’irremplaçable contact avec le végétal même « urbanisé » comme peut l’être celui installé sur un balcon ou une terrasse, dont vous ne pouviez plus vous passer. Pour certains d’entre vous, cet accès à la nature se traduit aussi par des velléités militantes : transmettre aux enfants le respect de l’environnement et développer de bonnes pratiques écologiques ou encore équilibrer votre bilan carbone. En tout état de cause, vous aspirez à la pleine jouissance de ces précieux mètres carrés extérieurs : le jardinage durable peut-être ; avoir une pièce supplémentaire en prolongement de votre intérieur, sans aucun doute !!

Se pose maintenant la question de la transformation de ce jardin fantasmé en une réalité plaisante.

Outre l’importance de budgéter dès l’acquisition la somme nécessaire à l’aménagement paysager du jardin ou de la terrasse (5% à 10 % de la valeur du bien)- qui par la suite augmentera la valeur patrimoniale du bien et accélérera sa revente – se pose aussi la question du choix du paysagiste requis pour cette métamorphose. Or le terme s’emploie aujourd’hui à tort et à travers et avouons-le, il n’est pas facile de distinguer qui est qui et qui fait quoi.

Tâchons d’y voir clair.

Une première distinction essentielle convient d’être opérée entre ceux qui conçoivent et ceux qui réalisent. Ces derniers parlent souvent de création (de jardin) pour la réalisation, instillant ainsi une pointe d’ambiguïté avec la conception. Mais peut-être disposent-ils d’un bureau d’étude intégré et du personnel qualifié auquel cas, vous serez en de bonnes mains.

Le temps de la conception est capital : penser le jardin, en concevoir l’architecture, c’est-à-dire l’organisation entre les différents espaces végétalisés et autres (espaces fonctionnels, cheminements, accès, relation avec la maison) avec un paysagiste concepteur qui traduira dans un plan vos aspirations, votre mode de vie, vos goûts décoratifs et vos envies – y compris les plus folles— devrait être le point de départ de votre investissement. Car, c’est dans cette réflexion que se situera ensuite la valeur d’usage, le bien-être et la valorisation de votre bien. Le coût de la conception ne peut donc être considéré inutile ou superflu puisque cette prestation par un paysagiste designer porte en elle-même la valeur ajoutée du jardin.

Viendra ensuite la phase de réalisation. Le paysagiste concepteur pourra vous accompagner et prendre en charge la maîtrise d’œuvre du projet. Cette deuxième partie de mission est pour vous la garantie que la réalisation sera conforme à la conception ; donc, que vous ne serez pas déçu du résultat final.

Inutile donc de se précipiter chez un pépiniériste (même si le terme paysagiste se trouve accolé sur son enseigne): le choix des plantes est évidemment un point clef du jardin/de la terrasse et une préoccupation forte lorsque l’on en ignore à peu près tout, mais ce n’est pas le point de départ de l’architecture d’un jardin.

Inutile également de commencer par consulter un maçon (souvent celui en charge des travaux intérieurs) pour faire construire une terrasse dallée ou d’autres structures si vous ne disposez pas de la vision d’ensemble de votre jardin ; idem pour le spécialiste des terrasses bois ; le détaillant en mobilier ou accessoires de jardin est aussi à faire patienter… . Chacun aura son rôle à jouer à une étape de la réalisation du jardin. Contenez vos envies et confiez-les au paysagiste concepteur : en toute indépendance, il saura les mettre en musique et proportionner chaque composante du jardin dans un tout harmonieux tenant compte du lieu, du bâti et de son environnement, de votre cahier des charges esthétiques et de votre budget.

Mais qu’est-ce qu’un paysagiste concepteur ? C’est en premier lieu une personne ayant suivi une formation ad hoc. En France, seules les écoles nationales supérieures du paysage (Versailles, Marseille) et les écoles d’architecture et du paysage de Bordeaux et de Lille donnent accès aux formations de Paysagiste dplg (diplômé par le gouvernement). Accessibles aux étudiants d’un niveau bac +2, les études y durent 4 ans et délivrent des grades de Master. Les universités francophones de Gembloux en Belgique et Lullier en Suisse offrent une formation équivalente. Ce paysagiste est un professionnel de l’architecture du paysage; il est capable de concevoir l’aménagement paysager de tout type d’espace extérieur et d’en assurer la maîtrise d’œuvre : espace public urbain, base de loisir, friche industrielle, port et aéroport, parc d’attractions, parc et jardin public ou privé, …. Certains apprécient de travailler à petite échelle (jardins, parcs, terrasses), souvent les mêmes ont une plus grande proximité avec le végétal et la pratique du jardin. La créativité de chacun se nourrit de sa sensibilité artistique et de son appétence pour la création et le design.

Il existe aussi des ingénieurs paysagistes. Ce sont aussi des concepteurs. Toutefois leur formation est renforcée sur le plan scientifique et technique. Ils sortent en particulier des écoles de Blois, d’Angers (Agrocampus) et de Lille. Adeptes du grand paysage et on les rencontre en bureau d’étude ou bien en tant que paysagiste-conseil auprès des collectivités territoriales ou de grandes entreprises du BTP.

L’usage du terme paysagiste devrait donc se limiter à ces professionnels malheureusement, à la différence de celui d’architecte, l’appellation paysagiste n’est pas un titre professionnel protégé juridiquement.

Au-delà du niveau de qualification et comme pour tout métier, l’homme, ses goûts, son expérience, sa culture, sa psychologie et sa passion pour le jardin et l’environnement créent un éventail qualitatif large qui invite à une recherche (merci internet) du prestataire avec lequel vous vous sentirez en confiance et en affinité.

Que dire de l’expression jardinier-paysagiste ? Le jardinier est avant tout celui qui s’occupe des plantations (initiales ou ultérieures), du devenir et de l’entretien du jardin, au-delà de sa conception. Il est donc le professionnel indépendant auquel le paysagiste concepteur fera appel pour les travaux de plantation lors de la création du jardin. Véritable artisan de la composante végétale du projet paysager, il doit le comprendre et partager la vision à terme du jardin de son concepteur : sa mission ultérieure est en effet de « faire advenir» votre jardin dans cette voie.

Certains paysagistes concepteurs aiment à se dire jardinier. Il s’agit pour eux de signifier leur passion pour le jardin et les plantes et leur volonté de prendre en charge eux-mêmes les jardins qu’ils ont conçus. Beaucoup de jardiniers aiment à se dire paysagiste. À vous de savoir s’ils savent simplement composer de beaux massifs — ce qui est effectivement déjà tout un art mais qui ne peut se confondre avec celui d’architecturer un jardin dans son ensemble — où s’ils sont de vrais « designers paysagers » de formation ou de remarquables autodidactes.

Concevoir, réaliser et entretenir un jardin requiert donc de multiples compétences et talents complémentaires. Le paysagiste (concepteur), outre l’architecture du jardin en particulier dans sa dimension végétale et sa vision à terme, sera tous les articuler pour créer dans la durée le jardin dont vous rêviez. Quoiqu’il en soit dans ce domaine, il nous semble que la culture de l’artisanat, c’est à dire le passion du travail bien fait, la reconnaissance du savoir-faire et des talents, doit animer chacun des acteurs et en premier chef, le paysagiste.
Thierry HALGAND
Paysagis.com + Balcoon.fr

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